La petite phrase de Khaled Mechaal, chef du Hamas en exil, sur la fin de la "trêve" avec Israël a ravivé le suspense. "Nous n'envisageons pas de prolonger la trêve", a-t-il lancé dimanche depuis Damas, Au même moment, le mouvement islamiste rassemblait 200 000 personnes à Gaza pour son 21e anniversaire.
La trêve -ou plutôt l'"accalmie", selon le terme arabe utilisé- avait été organisée en juin par l'intermédiaire de l'Egypte pour 6 mois au moins. Elle s'achève donc le vendredi 19 décembre. Mais, depuis un mois, elle s'effritait déjà avec des violations de part et d'autre. Le 5 novembre, Israël a par exemple lancé une incursion contre un tunnel du Hamas tout proche d'installations militaires israéliennes. Depuis, le Hamas et d'autres groupes armés envoient quelques roquettes chaque jour, auxquelles répondent des bombardements ciblés israéliens. Bilan : 220 roquettes tirées contre Israël et une vingtaine de tués parmi les groupes armés palestiniens.
Préparations
Ces derniers jours pourtant, Israël s'attendait à ce que cette trêve soit plus ou moins reconduite tacitement. L'armée a certes relevé sa vigilance le long de la frontière de Gaza avant la date fatidique. Mais en fait, elle craignait surtout que les groupes armés autres que le Hamas ne se lancent dans un baroud d'honneur pour signifier leur existence avant une nouvelle période de calme. Aujourd'hui c'est donc le Hamas qui menace. Après la fameuse petite phrase de Khaled Mechaal, Ismaël Haniyeh, le Premier ministre du Hamas, tout en critiquant les violations d'Israël, a été néanmoins moins définitif. Selon plusieurs éditorialistes israéliens, le Hamas voudrait en fait obtenir de nouvelles conditions, comme le desserrement du blocus et l'ouverture des points de passage commerciaux.
Israël a de son côté été surpris par la menace et a répondu fermement : "Il n'aura pas de tir unilatéral de Gaza", a prévenu le Premier Ministre Ehud Olmert. Tzipi Livni, sa ministère des Affaires étrangères, a ensuite précisé : "Tout tir de Gaza nous obligera à répondre". Les deux parties semblent donc se rapprocher de plus en plus d'une confrontation à grande échelle. Le Hamas aurait renforcé son arsenal militaire grâce à la trêve et certains évoquent un réseau de tunnels et de bunkers comme celui du Hezbollah au Liban. Israël aurait pour sa part mis au point des scénarios d'attaques ciblées contre les structures et de hauts responsables de l'organisation islamiste.
Le souvenir du Liban
Pourtant les choses ne sont pas si simples. En Israël, le ministre de la défense Ehud Barak est ainsi opposé à une grande opération militaire à Gaza, comme le chef d'Etat-Major Gabi Ashkenazi qui craint de s'embarquer dans une attaque sans buts clairs et réalistes -le souvenir du fiasco du Liban 2006 reste dans les esprits. Et Ehud Barak a envoyé l'un de ses plus proches conseillers, le général de réserve Amos Gilad, au Caire ce dimanche pour discuter de la continuation de la trêve. De l'autre côté, le journal arabe Al Hayat cite des officiels égyptiens. Ceux-ci croient que le Hamas et les autres groupes tiennent en fait à la trêve plutôt qu'à une provocation militaire qui pousserait Israël à des représailles sanglantes pour leurs organisations.
En attendant vendredi, l'armée israélienne est en alerte renforcée autour de Gaza. Avant la fin de la trêve, la guerre des nerfs continue.